
Trump entame en Arabie saoudite une tournée dans le Golfe

Donald Trump est arrivé mardi en Arabie saoudite, première étape d'une tournée dans le Golfe qui doit lui permettre de moissonner de gros contrats, mais qui ne pourra ignorer les nombreux et brûlants sujets diplomatiques dans la région.
L'avion du président américain, escorté avant d'atterrir par plusieurs F-15 saoudiens, s'est posé peu avant 09h50 (06h50 GMT) à Ryad.
Il se rendra ensuite au Qatar et dans les Emirats arabes unis, dans le cadre de ce premier déplacement majeur à l'étranger depuis le début de son second mandat.
Huit ans plus tôt, Donald Trump avait déjà choisi le royaume saoudien pour son premier voyage à l'international.
La décision de faire passer, encore une fois, les riches monarchies pétrolières et gazières du Golfe avant ses alliés occidentaux reflète leur rôle géopolitique croissant, mais aussi les priorités économiques du président américain.
Ryad, Doha et Abou Dhabi devraient lui réserver un accueil royal, accompagné d'annonces de contrats mirobolants, de la défense à l'aviation, en passant par l'énergie ou l'intelligence artificielle.
Une moisson bienvenue pour le président américain, dont la politique économique faite d'attaques puis de volte-face commerciales laisse ses concitoyens de plus en plus sceptiques.
Cette visite s'inscrit dans une séquence diplomatique frénétique pour Washington.
Le président américain revendique un rôle déterminant dans la conclusion d'un cessez-le-feu entre l'Inde et le Pakistan, et se dit prêt à aller en Turquie à la rencontre des présidents ukrainien et russe pour faire avancer les négociations sur une cessation des hostilités en Ukraine.
Il a aussi obtenu la libération d'un otage américain à Gaza.
- "Mille milliards" -
Washington a également mené des pourparlers dimanche avec l'Iran sur le dossier nucléaire, et conclu un accord de cessez-le-feu avec les rebelles houthis au Yémen.
Face à une diplomatie américaine très active mais pas toujours lisible, les Etats du Golfe chercheront à comprendre, voire à influencer, la position de Donald Trump sur les grands sujets régionaux, dont Gaza et la Syrie. Mais la priorité sera bel et bien économique.
"Des sources à la Maison Blanche ont indiqué que le président se concentrera sur des deals", écrit Daniel B. Shapiro, chercheur au sein du think tank Atlantic Council.
En janvier, le prince héritier saoudien et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, s'était engagé à injecter 600 milliards de dollars dans le commerce et les investissements aux Etats-Unis.
"Je demanderai au prince héritier – un type formidable – d'arrondir ça à mille milliards", avait alors répondu le président américain.
Selon un responsable saoudien proche du ministère de la Défense, Ryad, soucieux de préserver les liens de défense avce le grand allié américain, cherche notamment à verrouiller des livraisons de chasseurs F-35 et de systèmes de défense antiaérienne.
- "Relation transactionnelle" -
"Nous demanderons à ce que les livraisons aient lieu pendant le mandat de Trump", a-t-il précisé à l'AFP sous couvert d'anonymat.
A Ryad, les avis sont partagés parmi les habitants interrogés par l'AFP.
"Cette visite aboutira à des décisions politiques importantes pour la région et dans l'intérêt des pays arabes et musulmans", pense Khalifa Oneizi, un Saoudien de 47 ans.
D'autres sont plus sceptiques: "Je ne suis pas optimiste sur cette visite ni sur ses résultats", confie Hamad Shahrani, 62 ans.
Alors que la guerre continue de faire rage à Gaza, la normalisation avec Israël semble exclue de l'agenda, Ryad assurant qu'aucun progrès n'est envisageable sans l'établissement d'un Etat palestinien.
La question des droits humains ne devrait pas non plus troubler le déplacement.
"C'est une relation très transactionnelle, dans laquelle les droits humains ne comptent absolument pas", estime Andreas Krieg, spécialiste du Moyen-Orient.
Avant même d'avoir atterri dans le Golfe, M. Trump a déjà suscité la controverse: il lui est reproché d'avoir accepté un Boeing 747-8 offert par la famille royale du Qatar pour remplacer les actuels Air Force One, et l'utiliser après son mandat.
Face aux critiques, le président américain a répliqué que l'avion était un "cadeau temporaire".
J.Peterson--SFF