
La balnéothérapie, espoir d'un terme au Covid long?

Le thermalisme ne les guérira pas du Covid long mais pourrait en atténuer les symptômes. Une étude vise à déterminer les bénéfices de la balnéothérapie, un "espoir" pour une patiente "handicapée" au quotidien par cette pathologie.
"À mon âge, c'est handicapant", souffle Laura Becker, 36 ans, en peignoir au Centre thermal Saint-Eloy d'Amnéville (Moselle).
Diagnostiquée Covid long en septembre, la jeune femme a été contaminée une première fois en décembre 2021, avant d'être ensuite infectée à six reprises.
La dernière fois, en septembre 2024, les symptômes sont intenses, mais surtout, elle ne s'en est "jamais remise", confie-t-elle à l'AFP. "Entre octobre et décembre, j'ai eu tous les virus qui traînaient. Je n'avais qu'un ou deux jours de répit et je retombais malade, c'était un cycle sans fin".
Alors sa médecin, puis un rhumatologue, mettent le doigt sur cette pathologie: le Covid long.
Environ 6% des personnes infectées par le Covid subissent ce syndrome complexe, a indiqué l'Organisation mondiale de la santé en décembre dernier. Les femmes et les personnes ayant des problèmes de santé antérieurs sont davantage touchées. Et les réinfections semblent augmenter les risques.
Les scientifiques ont progressé mais pas totalement élucidé ses mécanismes.
Pour déterminer si le thermalisme aide à la guérison, une étude pilote, baptisée "Covidtherm", a été lancée il y a plusieurs années auprès de 200 patients répartis sur les centres thermaux de Vittel-Contrexéville, Nancy Thermal et Amnéville.
Le promoteur de l'étude est le Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Nancy. Elle est financée par la Région Grand Est, l'ARS du Grand Est, la métropole du Grand Nancy et le Conseil national des établissements thermaux (CNETh, organisme qui représente le secteur).
Les premiers patients, comme Laura Becker, viennent d'arriver dans les établissements.
- "Espoir" -
Pendant trois semaines, elle suit, un jour sur deux, un protocole bien précis, composé d'un bain hydromassant, des séances de type aquagym, un massage et une douche massante au jet d'eau, explique Simon Rudynski, médecin chargé de faire entrer les patients dans l'étude.
Pour l'instant, les soins apportent de la détente à Mme Becker, qui constate aussi qu'elle "dort mieux la nuit" depuis le début de la cure, début juin.
Mais la fatigue chronique persiste. "J'étais sportive, maintenant je me traîne alors que je n'ai même pas 40 ans (...) psychologiquement ce n'est pas évident", déplore-t-elle.
Le but de ces soins est "d'améliorer la qualité de vie" de ces patients, souligne le Dr Rudynski. Certains, comme Mme Becker, disent être "handicapés" dans leur quotidien pour diverses raisons: fatigue chronique, troubles de la mémoire ou essoufflement.
Laura Becker entrevoit aussi de "l'espoir" de s'en sortir. Avec l'étude, les patients voient trois fois un médecin, cinq fois un kinésithérapeute coordinateur, et aussi sept fois un psychologue.
- "Oreille" -
Une partie des patients suit la balnéothérapie et l'autre suit le protocole habituel: kiné respiratoire et de mobilisation. L'idée est, à l'issue de l'étude, de savoir si le thermalisme a offert de meilleurs résultats que la médecine de ville, jusqu'ici recommandée par la Haute autorité de santé (HAS).
Les patients "présentent des symptômes qui sont proches d'autres maladies chroniques que l'on traite très bien par la cure thermale", comme "la fatigue, les douleurs musculaires et articulaires, les pertes d'équilibre, les difficultés à respirer durant l'effort", cite la Pr Gisèle Kanny, investigatrice principale de l'étude.
"L'environnement thermal est particulièrement propice à retrouver une forme de bien-être, de mieux-être", estime-t-elle.
Les cures thermales, proposées dans une centaine de villes en France, promettent de soigner diverses maladies grâce aux bienfaits supposés de leur eau.
Elles sont souvent remboursées par la Sécurité sociale, à hauteur des deux tiers de leur montant.
"Les personnes sont très contentes d'avoir une oreille, de voir qu'on leur propose quelque chose" cinq ans après le début de la pandémie, note Diane Koelbert, kinésithérapeute et responsable des soins à Amnéville.
Pour Mme Becker, cela montre "qu'on s'intéresse encore à nous", même si le Covid-19 est moins présent dans le quotidien. "Ca donne une force supplémentaire pour affronter" la maladie.
Q.Nelson--SFF