
Chikungunya à Mayotte: la flambée s'intensifie, incertitudes sur son ampleur

Le nombre de cas de chikungunya a doublé en une semaine à Mayotte, a indiqué vendredi Santé publique France, prévenant que la situation épidémiologique réelle pourrait être sous-estimée.
"Depuis le premier cas de chikungunya importé de La Réunion, 326 cas ont été confirmés biologiquement sur le territoire" de Mayotte, a observé l'agence sanitaire, comptabilisant 119 nouveaux cas pour la semaine du 12 au 18 mai, selon des données non consolidées.
Outre cette "accélération de la transmission du virus sur le territoire", "le retour de vacances et les échanges avec La Réunion pourraient favoriser l'augmentation du nombre de cas importés dans les prochains jours", et potentiellement renforcer la circulation virale à Mayotte, a-t-elle alerté.
Or "plusieurs signaux convergents suggèrent que la situation épidémiologique actuelle pourrait être significativement sous-évaluée", a averti Santé publique France, invitant à "une grande prudence" dans l'interprétation des données.
Non seulement les tests de confirmation biologique du chikungunya ne sont plus systématiques aux urgences, sous pression, et en médecine de ville, mais il y a "un recours aux soins limité d’une partie de la population" de Mayotte, selon l'agence.
Depuis la détection du premier cas confirmé, 10 personnes ont été hospitalisées, dont six femmes enceintes pour surveillance, mais il n'y a eu aucune admission en réanimation et aucun décès.
À la différence des premières semaines, les cas détectés sont désormais presque tous autochtones. Le virus circule donc plus sur place, ce qui accroît le risque d'épidémie.
Le plan Orsec a été élevé la semaine dernière au niveau 2B par l'agence régionale de santé, et plusieurs mesures de gestion et de surveillance prévues pour "freiner cette dynamique et mieux se préparer à une éventuelle phase épidémique".
Le chikungunya, parfois surnommé la maladie de l'homme courbé, se distingue par des douleurs articulaires, des maux de tête ou des fièvres qui peuvent être très brutaux et intenses. Son virus se transmet via les piqûres de moustiques infectés, passant ainsi d'un humain à l'autre.
Une épidémie frappe depuis plusieurs mois un autre département d'outre-mer, La Réunion, située à quelque 1.500 kilomètres de Mayotte. Plusieurs dizaines de milliers de cas et douze décès y ont été recensés.
Mayotte a déjà subi plusieurs crises de santé publique en 2024, dont une épidémie de choléra, puis les conséquences du passage du cyclone Chido. Et la population du département, le plus pauvre de France, est souvent en mauvaise santé, avec des "comorbidités à des stades avancés en nombre important", selon Santé publique France.
H.Davis--SFF