
Le chef de la diplomatie chinoise en Europe pour resserrer les liens face à Washington

Le chef de la diplomatie chinoise entame lundi une tournée en Europe, destinée selon Pékin à faire des relations sino-européennes un pôle de "stabilité" face aux Etats-Unis et à un monde en proie aux bouleversements.
Figure connue de son pays à l'étranger, Wang Yi, diplomate expérimenté de 71 ans, doit se rendre au siège de l'Union européenne (UE) à Bruxelles, ainsi qu'en France et en Allemagne.
Sa visite intervient au moment où Pékin cherche à renforcer ses relations avec le Vieux Continent face aux Etats-Unis de l'imprévisible président Donald Trump, qui décrivent régulièrement la Chine comme leur rivale stratégique.
Des différends demeurent toutefois entre Pékin et Bruxelles, notamment sur le plan économique.
Parmi eux: le déficit commercial massif en défaveur de l'UE (357,1 milliards de dollars), les liens étroits Pékin-Moscou malgré la guerre en Ukraine, les surtaxes européennes sur les véhicules électriques fabriqués en Chine ou encore les représailles chinoises visant le cognac français.
"Les relations sino-européennes font face à des opportunités importantes, à un moment où le monde connaît une accélération des transformations historiques, avec la montée inquiétante de l'unilatéralisme, du protectionnisme et des comportements hégémoniques", a indiqué vendredi Guo Jiakun, un porte-parole de la diplomatie chinoise, dans une critique voilée des Etats-Unis et de leur guerre des droits de douane.
Dans ce contexte, la Chine et l'UE se doivent de "préserver conjointement la paix et la stabilité mondiales, défendre le multilatéralisme et le libre-échange, préserver les règles internationales, l'équité et la justice, et s'imposer comme des forces de stabilité et constructives dans un monde en proie aux turbulences", a-t-il souligné.
- Ukraine -
A Bruxelles, Wang Yi s'entretiendra avec la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, pour un "dialogue stratégique de haut niveau", selon Pékin.
Pendant son séjour en Allemagne, il rencontrera le ministre des Affaires étrangères, Johann Wadephul, pour des discussions sur la diplomatie et la sécurité. Il s'agira de la première visite de M. Wang depuis la mise en place en mai à Berlin d'un nouveau gouvernement conservateur.
En France, le ministre chinois rencontrera son homologue Jean-Noël Barrot, qui avait effectué une visite en Chine en mars.
La guerre en Ukraine devrait être à l'ordre du jour de ses discussions en Europe.
La Chine appelle régulièrement à des pourparlers de paix et au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays - sous-entendu Ukraine comprise.
Mais elle n'a jamais condamné la Russie et a renforcé ses relations commerciales, diplomatiques et militaires avec elle depuis le début de l'invasion russe en février 2022.
Les Européens l'accusent ainsi régulièrement d'offrir à Moscou un soutien économique crucial pour son effort de guerre.
Sur le front commercial, les relations sino-européennes se sont tendues ces dernières années. L'UE reproche notamment au géant asiatique des pratiques économiques qu'elle juge déloyales.
Le différend s'est intensifié avec la mise en place l'an passé par l'Union européenne de droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques fabriqués en Chine.
- Accord sur le cognac? -
En représailles, Pékin vise notamment le cognac français, Paris ayant été l'un des principaux défenseurs de ces surtaxes sur les voitures "made in China".
Concernant le cognac, "un accord est stabilisé mais pas formellement validé par le ministère chinois du Commerce", selon une source au ministère français de l'Economie.
Par ailleurs, la Commission européenne a décidé il a deux semaines d'exclure les entreprises chinoises des commandes publiques de matériels médicaux dépassant cinq millions d'euros. Une mesure prise au nom des restrictions touchant les firmes européennes sur le marché chinois.
En réponse, Pékin a fustigé le "deux poids, deux mesures" de Bruxelles.
Autre point de friction bilatéral: les terres rares.
Depuis avril, les autorités chinoises exigent des entreprises chinoises l'obtention de licences pour l'exportation de ces matériaux stratégiques, un secteur dans lequel la Chine est un poids lourd mondial.
Ces métaux sont utilisés dans une grande variété de produits, notamment les smartphones ou les batteries de voitures électriques. Des industriels, notamment du secteur automobile, ont depuis dénoncé des autorisations d'exportations délivrées au compte-gouttes.
La Chine a toutefois proposé en juin à l'UE l'établissement d'un "canal vert", c'est-à-dire d'un accès prioritaire, pour faciliter les exportations de terres rares vers le Vieux Continent.
E.Jones--SFF