
Face aux juges, Bolsonaro nie toute tentative de coup d'Etat

L'ex-président brésilien Jair Bolsonaro, qui encourt une lourde peine de prison pour tentative présumée de coup d'Etat, a réfuté mardi les accusations qui pèsent contre lui lors de son procès historique devant la Cour suprême.
L'ancien dirigeant d'extrême droite est accusé d'être le "leader d'une organisation criminelle" ayant conspiré pour son maintien au pouvoir quel que soit le résultat de l'élection présidentielle d'octobre 2022, finalement remportée par le président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.
Selon le parquet, ce projet de coup d'Etat présumé, qui prévoyait jusqu'à l'assassinat de Lula, n'a pas abouti faute de soutien du haut commandement militaire.
Quand le juge Alexandre de Moraes, le puissant magistrat chargé du dossier, lui a demandé si les faits qui lui sont reprochés étaient véridiques, il a répondu : "Non, l'accusation ne tient pas".
Jair Bolsonaro et ses sept coaccusés, notamment d'anciens ministres et des militaires de haut rang, encourent une peine pouvant aller jusqu'à 40 ans de prison.
"Il n'y a aucune raison de me condamner, j'ai la conscience tranquille", avait déclaré l'ex-président lors d'une pause durant la première audience d'interrogatoires, lundi.
Les interrogatoires sont menés par le juge Moraes, considéré comme l'ennemi numéro un des bolsonaristes.
- Fautes d'orthographe -
Mardi, ils ont repris avec celui de l'amiral Almir Garnier Santos, qui, selon l'accusation, aurait déclaré que ses troupes seraient "à la disposition du président" lors d'une réunion traitant des projets putchistes.
Il a nié toutes les accusations, affirmant n'avoir "jamais utilisé cette expression".
L'amiral a également affirmé n'avoir "vu aucun document" prévoyant de décréter l'état de siège ou de convoquer de nouvelles élections, lors de réunions avec l'ex-président après l'élection de Lula, récusant ainsi la version de l'accusation.
Entendu par la suite, l'ancien ministre de la Justice du gouvernement Bolsonaro, Anderson Torres, comparaissait muni d'un bracelet électronique, qu'il porte depuis sa libération conditionnelle après quatre mois d'incarcération en 2023.
La police a trouvé lors d'une perquisition au domicile de M. Torres une ébauche de décret pour annuler le résultat des élections, surnommée dans l'enquête "le brouillon du coup d'État".
Mardi, il a nié avoir participé à l'élaboration de ce document. "Je n'ai jamais pris part à cela. C'était mal écrit, plein de fautes d'orthographe, je ne sais pas qui a demandé à faire ça", a-t-il argumenté au sujet de ce texte qu'il a qualifié de "brouillon de Google".
Le général Augusto Heleno Ribeiro, ex-ministre chargé de la Sécurité institutionnelle et un des plus proches conseillers de M. Bolsonaro, a préféré garder le silence face aux questions du juge Moraes, ne répondant qu'à celles posées par son avocat.
- "Mémoire sélective" -
Lundi, la série d'interrogatoires a débuté avec celui de Mauro Cid, ancien aide de camp de l'ex-président.
Il est considéré comme un traître par les bolsonaristes pour avoir noué un accord de collaboration avec les autorités dans l'espoir d'une réduction de peine.
Selon lui, Jair Bolsonaro a "reçu, lu" puis "retouché" un document pensé par de proches conseillers prévoyant l'instauration d'un "état de siège", l'"arrestation d'autorités" et la création d'un "conseil électoral" pour réaliser un nouveau scrutin après la présidentielle d'octobre 2022 remportée par Lula.
Durant son interrogatoire, qui a duré environ quatre heures, il s'est montré souvent hésitant, répondant à maintes reprises "je ne me souviens pas" aux questions sur les dates, horaires ou lieux où il aurait été témoin des supposées velléités putschistes de l'ex-président et son entourage.
L'avocat de Jair Bolsonaro, Celso Vilardi, a souligné des "contradictions" dans les propos de M. Cid, estimant qu'il avait la "mémoire sélective".
Inéligible jusqu'en 2030 et interdit de quitter le territoire brésilien, Jair Bolsonaro se dit victime de "persécution politique" pour l'empêcher de se présenter à la présidentielle de l'an prochain.
L.Nguyen--SFF