
Kim Jong Un promet le "soutien inconditionnel" de la Corée du Nord à la Russie contre l'Ukraine

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a promis un "soutien inconditionnel" à Moscou contre l'Ukraine, et prédit le succès de l'offensive russe menée depuis plus de trois ans, a rapporté jeudi un média d'Etat.
M. Kim a reçu mercredi à Pyongyang le secrétaire du Conseil de sécurité russe Sergueï Choïgou, proche conseiller du Kremlin, qui effectuait sa deuxième visite dans la capitale nord-coréenne en moins de trois mois.
Il a assuré que son gouvernement apporterait "son soutien inconditionnel à la position de la Russie et sa politique étrangère sur toutes les questions internationales cruciales, y compris le dossier ukrainien", selon le compte rendu publié par l'agence officielle nord-coréenne KCNA.
Le numéro un nord-coréen a exprimé "sa conviction que la Russie allait, comme toujours, remporter la victoire dans sa cause sacrée de recherche de la justice", est-il ajouté.
Les deux parties sont convenues de "continuer de renforcer progressivement" leurs relations, selon KCNA.
La visite en Corée du Nord de M. Choïgou, ancien ministre russe de la Défense, illustre le rapprochement accéléré entre Moscou et Pyongyang.
Moscou et Pyongyang ont renforcé leur coopération militaire ces dernières années, la Corée du Nord fournissant des armes et des troupes pour soutenir la guerre de la Russie contre l'Ukraine.
Les deux pays ont signé un accord de défense mutuelle à l'occasion d'une visite du président russe Vladimir Poutine en Corée du Nord l'an dernier.
Le Conseil de sécurité russe, un important organe consultatif qui se réunit régulièrement autour du président Vladimir Poutine, avait fait savoir que la visite de M. Choïgou porterait sur "la mise en œuvre de certaines clauses" du traité de partenariat entre la Russie et la Corée du Nord, ainsi que sur un hommage aux "combattants coréens qui ont participé à la libération de la région de Koursk".
Un contingent de soldats nord-coréens a participé, aux côtés de l'armée russe, aux combats contre les forces ukrainiennes dans la région russe de Koursk, en partie occupée par les troupes de Kiev depuis l'été 2024 et dont la Russie a annoncé la libération fin avril.
Quelque 600 soldats nord-coréens ont été tués et des milliers d'autres blessés dans ces combats, a indiqué le député sud-coréen Lee Seong-kweun, citant le service de renseignement du pays.
En avril, Pyongyang a confirmé pour la première fois avoir déployé des troupes sur le front ukrainien aux côtés de l'armée russe.
La Corée du Sud a accusé le Nord, doté de l'arme nucléaire, d'envoyer d'importantes livraisons d'armes, y compris des missiles, à la Russie.
Un organisme international de surveillance des sanctions de l'ONU contre Pyongyang a condamné la semaine dernière les relations "illégales" entre la Russie et la Corée du Nord.
Selon le groupe, des navires russes de marchandises ont livré jusqu'à "neuf millions de munitions d'artillerie et de munitions pour lance-roquettes multiples" de la Corée du Nord à la Russie l'année dernière.
En retour, "il est estimé que la Russie a fourni à la Corée du Nord des équipements de défense aérienne et des missiles anti-aériens", a-t-il déclaré.
Les Etats-Unis, qui ont tenté en vain pour l'instant d'assurer la médiation d'un cessez-le-feu entre la Russie et l'Ukraine, ont exprimé leur inquiétude après la visite de M. Choïgu.
"Le déploiement militaire de la Corée du Nord en Russie et tout soutien apporté en retour par la Fédération de Russie à la RPDC doivent cesser", a déclaré Tommy Pigott, porte-parole du département d'État.
- Déclarations "imprudentes" de Macron -
La rencontre entre Kim Jong Un et Sergueï Choïgou a eu lieu le jour de l'investiture en Corée du Sud du nouveau président Lee Jae-myung, qui s'est engagé, dans un discours, à tendre la main à la Corée du Nord, avec laquelle son pays est toujours officiellement en guerre.
L'agence KCNA a fait état de l'investiture du nouveau dirigeant du pays voisin en deux lignes.
Elle a également publié jeudi un article critiquant vertement le président français Emmanuel Macron pour des déclarations "imprudentes" sur les liens de Pyongyang avec Moscou.
"Si la Chine ne veut pas que l'Otan soit impliquée en Asie du Sud-Est ou en Asie, elle doit empêcher clairement la Corée du Nord d'être impliquée sur le sol européen", avait déclaré M. Macron vendredi à la conférence sur la défense et la sécurité Shangri-la Dialogue à Singapour, faisant référence aux soldats nord-coréens envoyés au combat aux côtés de la Russie contre l'Ukraine.
Dans un article publié par KCNA, l'analyste nord-coréen en sécurité internationale Choe Ju Hyun a qualifié ces propos "d'inepties choquantes".
"Macron commet une erreur s'il pense pouvoir dissimuler l'intention agressive et malveillante de l'Otan de mettre ses chaussures militaires sales dans la région Asie-Pacifique en s'attaquant aux relations de coopération entre la RPDC (République populaire démocratique de Corée, ndlr) et la Russie", a-t-il écrit.
Alors que la Russie et la Corée du Nord resserrent leurs liens, "les perspectives de rétablissement des relations intercoréennes s'éloignent de plus en plus", a déclaré à l'AFP Lim Eul-chul, professeur à l'Institut d'études de l'Extrême-Orient de l'université de Kyungnam.
La nouvelle visite de M. Choïgu, intervient également quelques jours après que l'Ukraine a lancé une importante attaque de drones contre la Russie, ce qui "souligne l'urgence d'une coordination de haut niveau sur les questions de sécurité".
O.Green--SFF