
En Asie, Macron appelle à de "nouvelles coalitions" face au règne de la force

Le président français Emmanuel Macron a appelé vendredi à "bâtir de nouvelles alliances" basées sur le droit et à refuser le "deux poids deux mesures", face au règne de la force et des superpuissances, lors du principal forum asiatique de défense et de sécurité à Singapour.
"Nous sommes confrontés au défi de pays révisionnistes qui veulent imposer, au nom de sphères d'influence, des sphères de coercition", a-t-il déclaré au forum de défense Shangri-La Dialogue.
Dans ce contexte, "bâtissons une nouvelle alliance positive entre l'Europe et l'Asie, fondée sur nos normes communes, sur nos principes communs", de façon à ne pas être "les victimes collatérales" des "décisions prises par les superpuissances", Etats-Unis ou Chine, a lancé le chef d'Etat français.
M. Macron a également estimé que si les Occidentaux "abandonnent Gaza" et "laissent faire Israël", ils risquent de "perdre toute crédibilité à l'égard du reste du monde".
"C'est pourquoi nous rejetons le deux poids deux mesures", a-t-il martelé, assurant que cela s'appliquait aussi au conflit en Ukraine.
A ce sujet, il a aussi estimé que la Chine devait "empêcher la Corée du Nord" de déployer ses militaires "sur le sol européen", en Ukraine aux côtés de la Russie.
"Si la Chine ne veut pas que l'Otan soit impliquée en Asie du Sud-Est ou en Asie, elle doit empêcher clairement la Corée du Nord d'être impliquée sur le sol européen", a-t-il affirmé.
- "Exigence politique" -
M. Macron a conclu vendredi à Singapour une tournée en Asie du Sud-Est qui l'a conduit au Vietnam et en Indonésie pour promouvoir sa "stratégie indopacifique" visant à proposer une troisième voie entre Washington et Pékin.
Il s'agit de la première fois qu'un dirigeant européen était invité à tenir le discours d'ouverture du Shangri-La Dialogue, dont la 22e édition se tient jusqu'à samedi.
Cette rencontre informelle organisée dans la cité-Etat de Singapour rassemble chaque année des responsables issus de l'ensemble de l'Asie ainsi que du reste du monde.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky en avait été l'un des invités l'an passé et en 2018, lors de son premier mandat, le président américain Donald Trump avait rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à cette occasion.
Pour la première fois depuis 2019 cependant, la Chine a annoncé qu'elle n'y enverrait pas de responsable de haut niveau cette année.
Samedi matin, le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, doit s'y exprimer.
Plus tôt vendredi à Singapour, M. Macron avait estimé que la décision ou non de sanctionner la Russie si elle refuse un cessez-le-feu en Ukraine était un "test de crédibilité" pour les Etats-Unis de Donald Trump.
En réponse, le ministère israélien des Affaires étrangères l'a accusé vendredi d'être en "croisade contre l'Etat juif", après qu'il a demandé à la communauté internationale à durcir sa position à l'égard d'Israël si la situation humanitaire à Gaza ne s'améliorait pas.
T.Martin--SFF