L'incertitude sur l'économie américaine pousse les Bourses mondiales dans le rouge
Les Bourses mondiales sont en net repli vendredi, l'incertitude sur la santé économique des Etats-Unis en l'absence de données officielles récentes et le flou concernant la politique monétaire de la Fed poussant les investisseurs à la prudence.
Vers 14H45 GMT, Paris perdait 1,29%, Francfort 1,16%, Londres 1,48% et Milan 1,98%. Sur la semaine, grâce à des records en série, les Bourses européennes restaient largement en territoire positif.
La Bourse de New York a ouvert aussi en nette baisse, de nouveau plombée par les inquiétudes concernant les valorisations faramineuses du secteur technologique.
Peu après l'ouverture, le Dow Jones lâchait 0,93%, le S&P 500 0,58% et le Nasdaq 0,62%.
"La semaine a clairement été volatile en termes de sentiment, entre le soulagement lié à la fin du +shutdown+ et les inquiétudes concernant les valorisations de l'IA et la question de savoir si la Fed (la Réserve fédérale américaine, ndlr) réduira à nouveau les taux", résume Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.
La fin de la paralysie budgétaire aux Etats-Unis avait d'abord soulagé les marchés, poussant même des indices européens jusqu'à des niveaux record, mais laisse désormais place à un flou statistique quant à l'état de l'économie américaine. Le shutdown a retardé la publication d'un certain nombre de données économiques clés.
Lors de sa prochaine réunion de politique monétaire en décembre, la Fed "devra arbitrer avec un indicateur amputé, un handicap majeur alors que l'état du marché du travail reste central pour son scénario de taux", explique John Plassard, responsable de la stratégie d'investissement chez Cité Gestion Private Bank.
Des membres de l'institution monétaire se sont d'ailleurs exprimés avec un ton plus prudent. La présidente de la Fed de Boston Susan Collins a par exemple affirmé mercredi que "la barre (était) plutôt haute" pour envisager une nouvelle détente des taux à court terme, en ajoutant qu'elle voudrait d'abord s'assurer que l'inflation décélère "durablement".
En conséquence, "les investisseurs ont revu à la baisse leurs attentes concernant l'assouplissement de la politique monétaire de la Fed à court terme", relèvent les analystes de Natixis.
Les acteurs du marché sont désormais partagés quant à une nouvelle réduction des taux en décembre, selon l'outil de veille CME FedWatch. Ils étaient quasi unanimes un mois plus tôt.
Parmi les autres incertitudes, figure l'impact des droits de douane américains. "Les droits de douane imposés par les États-Unis à la plupart de leurs partenaires commerciaux pourraient entraîner une baisse cumulative du PIB américain d'environ 1,0% et une baisse cumulative du PIB mondial d'environ 0,7%", estime Gregory Daco, économiste en chef d'EY-Parthenon dans une note.
Incertitudes autour du budget britannique
Le Premier ministre Keir Starmer et la ministre des Finances Rachel Reeves ont abandonné leurs propositions initiales de rehausser l'impôt sur le revenu, d'après un article publié jeudi par le quotidien économique Financial Times, qui s'appuie sur des sources proches du dossier.
"La chancelière doit désormais trouver une alternative pour combler le trou budgétaire estimé à 30 milliards de livres, et ce en moins de deux semaines", relève Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.
Le taux d'emprunt des bons du Trésor britannique ("gilts") à échéance 10 ans évoluait à 4,54%, contre 4,44% en clôture jeudi, après une envolée initiale qui l'avait porté à un plus haut depuis mi-octobre.
Le pétrole remonte, le bitcoin chute
es prix du brut remontent vendredi "après qu'un dépôt pétrolier (...) a été endommagé par une attaque de drone ukrainien", commente Kathleen Brooks.
A Novorossiïsk, ville portuaire sur les bords de la mer Noire, dans la région de Krasnodar, "une raffinerie de pétrole a été endommagée" à la suite d'une "attaque de drones", l'infrastructure ayant été touchée par un incendie depuis éteint, selon les autorités locales. Un bateau civil aurait aussi été atteint.
Vers 15H50 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord prenait 1,53% à 63,98 dollars, quand son équivalent américain, le baril de WTI, gagnait 1,82% à 59,76 dollars.
Le bitcoin, actif à risque, chutait de 7,25% à 96.477 dollars.
V.Mitchell--SFF