
La messe est dite pour le "conclave" des retraites

Les partenaires sociaux du "conclave" sur les retraites doivent écrire ce lundi après-midi leur dernier chapitre, avec ou sans accord, après quatre mois d'une concertation impulsée par François Bayrou, sous le regard de la gauche, attentive à l'issue.
La dernière séance de travail, le 17 juin, s'est achevée sur une prolongation arrachée sur le fil pour éviter l'échec. Une de plus dans une discussion entamée le 27 février et qui devait s'arrêter à l'origine le 28 mai.
Une voie du compromis se dessine-t-elle ? Pas si on rembobine les déclarations à l'issue de la dernière réunion.
"Je suis assez pessimiste sur le bilan de cette négociation", a lâché Christelle Thieffine, négociatrice de la CFE-CGC. Eric Chevée parle, lui, de "lignes rouges voire écarlates" pour son camp, la CPME (patronat des petites et moyennes entreprises).
Même champ chromatique pour Pascale Coton, négociatrice de la CFE-CGC qui évoque "un chiffon rouge" après la séance du 17 juin qui "devait être la dernière, sera l'avant-dernière" et l'a mise "très en colère".
Patrick Martin, président du Medef, s'est même dit "très réservé" sur la participation lundi de son organe, principal représentant du patronat.
"La question, c'est: est-ce qu'une copie signée sans le Medef a du sens ?", s'est interrogé Eric Chevée.
Pour rappel, le "conclave" a déjà laissé des partenaires sociaux sur le bord de la route: FO a tourné les talons dès la première séance et la CGT et l'U2P (patronat pour les artisans) ont jeté l'éponge mi-mars.
Mais selon les informations de La Tribune Dimanche, l'organisation patronale se rendra bien au conclave avec une ultime proposition d'accord.
Interrogé par l'AFP, le Medef s'est contenté d'indiquer dimanche que son bureau se réunirait lundi matin.
- Atterrissage ou crash ? -
Seule la CFDT entrevoit une lueur. "Il reste une séance pour essayer de voir si un atterrissage est possible", a décrit Yvan Ricordeau, son négociateur, qui ne veut pas parler de crash. Sa numéro un, Marylise Léon, a mentionné auprès de l'AFP des "avancées sociales qu'on doit pouvoir concrétiser".
On ne parle plus ici de l'âge du départ à la retraite: sans surprise le Medef s'est montré inflexible sur son maintien à 64 ans. Quoiqu'il arrive à l'issue de la réunion de la dernière chance, cette mesure phare, et impopulaire, de la réforme Borne de 2023, sera donc toujours en vigueur pour les salariés nés à partir du 1er janvier 1968.
La quête de compromis doit maintenant principalement s'articuler autour de la carrière des femmes et de la pénibilité.
Dans le premier point, consensuel, il est question de revaloriser les pensions en fonction du nombre d'enfants qu'elles ont eus. Dans le second, d'une prise en compte des ports de charge lourde, vibrations mécaniques et postures pénibles, critères ergonomiques poussés par la CFDT.
Mais la finalité d'une reconnaissance de l'usure professionnelle n'est pas la même pour tous: les syndicats y voient une ouverture aux départs anticipés à la retraite, le patronat privilégie d'autres pistes.
- "Un brin d'ouverture" -
Selon La Tribune Dimanche, le patronat envisage toutefois un geste sur la pénibilité.
"Je dirais qu'il y a 65% de risque d'échouer contre 35% de chance d'aboutir", a estimé dans une interview aux Echos Cyril Chabanier, le patron de la CFTC, syndicat qui sera présent lundi.
La fin du "conclave" est aussi un moment de vérité pour François Bayrou, qui a lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement. Et le Premier ministre s'était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement.
"A partir du moment où ce conclave n'aboutit pas sur l'abrogation de la réforme des retraites, nous déposerons une motion de censure", a promis Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise. Mais LFI aurait besoin d'autres groupes à gauche pour la déposer. Et le Parti socialiste est divisé sur la question.
Si le spectre d'une censure semble s'éloigner dans l'immédiat, il pourrait resurgir à l'automne, quand François Bayrou soumettra au vote des députés le projet de budget pour 2026.
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U.Campbell--SFF