
Trump fait ses adieux à Musk, un allié devenu encombrant

Donald Trump fera publiquement vendredi ses adieux au "formidable" Elon Musk, qui quitte sans fanfare son impopulaire rôle de conseiller à l'austérité budgétaire.
L'annonce d'une "conférence de presse" commune dans le Bureau ovale vendredi est tombée la veille, alors que les spéculations montaient sur un coup de froid entre le président américain et l'homme le plus riche du monde, par ailleurs le premier contributeur de sa campagne électorale.
"Ce sera son dernier jour, mais pas vraiment, car il sera toujours avec nous, pour nous aider jusqu'au bout. Elon est formidable!", a déclaré Donald Trump sur son réseau Truth Social.
Le vice-président JD Vance a lui vanté, dans une interview avec la chaîne Newsmax, le travail "incroyable" effectué par le patron de SpaceX et Tesla à la tête de Doge, sa commission à l'efficacité gouvernementale.
L'activité de cette cellule, dont les méthodes ont été critiquées pour leur opacité autant que pour leur brutalité, "va continuer", a assuré JD Vance.
Sous la houlette d'Elon Musk, un ultra-libéral qui voudrait cantonner l'Etat aux seules fonctions sécuritaires, le Doge a initié des coupes massives dans l'aide publique internationale, des fermetures d'agences fédérales entières et des milliers de licenciements de fonctionnaires.
Mais les estimations des économies réalisées sont très loin du faramineux chiffre de 2.000 milliards de dollars, puis 1.000 milliards de dollars avancé par l'hyperactif entrepreneur de 53 ans.
Arriver à cette somme demanderait de torpiller les régimes de prestations sociales pour les retraités et pour les ménages modestes, ce que Donald Trump avait exclu d'entrée.
- Conflits d'intérêt -
Un site indépendant, le "Doge Tracker", arrive à un total de seulement 12 milliards de dollars, le magazine The Atlantic ne trouve lui pas plus de 2 milliards de coupes réalisées.
Arrivé en fanfare à la Maison Blanche, où Donald Trump lui a au début donné une visibilité absolument extraordinaire, le natif d'Afrique du Sud met fin avec une amertume à peine dissimulée à une mission teintée dès le départ de soupçons de conflit d'intérêt.
Via sa société spatiale SpaceX, Elon Musk pilote en effet d'importants contrats passés avec le gouvernement, et ses détracteurs l'accusent d'avoir voulu utiliser sa toute fraîche influence politique pour soutenir ses autres intérêts, notamment dans l'intelligence artificielle.
Dans une rare critique, il s'est dit "déçu" des dérapages budgétaires selon lui associés à une grande loi économique du président américain, le "One Big Beautiful Bill".
L'entrepreneur, qui a multiplié les gestes provocateurs et les bizarreries pendant la campagne comme à la Maison Blanche, a aussi regretté que le Doge soit devenu un "bouc émissaire" à Washington.
"Je crois qu'il ne savait vraiment pas ce qu'il faisait ni où il mettait les pieds. Puis il s'est rendu compte qu'il n'y avait pas de volonté politique pour des coupes budgétaires réellement significatives, que ce soit de la part du président ou du Congrès", explique à l'AFP Elaine Kamarck, experte de la Brookings Institution.
Selon elle, le propriétaire du réseau X (anciennement Twitter), très impopulaire auprès des Américains et abondamment critiqué en Europe où il soutient des formations d'extrême droite, est devenu un "boulet politique".
Cette impopularité s'est par exemple manifestée très concrètement dans le recul des ventes de sa marque Tesla.
Elaine Kamarck s'attend toutefois à ce que la relation entre Elon Musk et Donald Trump "continue" mais sur un autre mode. Elle note aussi que le multimilliardaire a encore "beaucoup d'argent à dépenser pour des campagnes électorales si l'envie lui prend".
Il pourrait être interrogé vendredi sur un article du New York Times faisant état d'une consommation importante de kétamine de l'homme d'affaires pendant la campagne électorale.
Elon Musk avait déjà déclaré publiquement qu'il consommait à petites doses ce psychotrope afin de lutter contre des tendances dépressives.
K.Hernandez--SFF