
Droits de douane: Trump célèbre une trêve avec Londres pour le 8 mai

Donald Trump a annoncé jeudi une première trêve dans son offensive commerciale mondiale sous la forme d'un compromis commercial avec Londres, en insistant sur le fait que l'annonce coïncidait avec le 8 mai, date marquant la capitulation il y a 80 ans de l'Allemagne nazie.
Le président américain s'est dit "ravi" d'annoncer un accord commercial "historique" selon lui, et ce le jour anniversaire de la victoire des Alliés en 1945.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, s'est joint par téléphone à une conférence de presse dans le Bureau ovale, et a lui aussi salué un "jour historique".
Concernant les détails, Donald Trump a assuré que le Royaume-Uni allait s'ouvrir davantage aux produits américains, pour "plusieurs milliards de dollars", "en particulier pour le boeuf américain, l'éthanol et quasiment tous les produits que produisent nos chers agriculteurs".
Côté britannique, Keir Starmer a parlé d'un accord "extrêmement important" pour l'industrie automobile et la sidérurgie britanniques. En particulier, la taxe de 25% imposée par les Etats-Unis sur les voitures importées sera réduite à 10% pour les véhicules britanniques, selon Downing Street.
Le président américain a assuré qu'il n'exagérait pas la signification de l'accord, décrivant un compromis à la portée "maximale".
- 10% maintenus -
Il a toutefois précisé que la taxe plancher de 10% annoncée le 2 avril sur toutes les marchandises importées aux Etats-Unis resterait en place, jugeant qu'il s'agissant d'un taux "bas".
Le républicain, protectionniste convaincu, a lancé une guerre commerciale tous azimuts. En plus de droits de douane sectoriels, il avait annoncé début avril de lourdes surtaxes contre tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis, qu'il a toutefois suspendues par la suite, sauf pour la Chine, dont les produits sont frappés par un taux de 145%.
Donald Trump a assuré que la Chine - avec laquelle des discussions commerciales sont prévues en Suisse ce week-end - tout comme l'Union européenne voulaient passer des accords avec lui.
Il a prévu que les négociations avec Pékin seraient "très substantives" et demandé que le marché chinois "s'ouvre" aux entreprises américaines.
Une source du gouvernement britannique a précisé qu'il ne s'agissait pas d'un accord de libre-échange à part entière entre les deux alliés historiques, plutôt d'un "document de conditions générales" établissant des compromis, ainsi qu'un cadre pour des discussions approfondies plus tard --en particulier sur le secteur pharmaceutique.
Les prestigieux constructeurs automobiles britanniques, comme Bentley, Aston Martin ou Jaguar, sont en toute première ligne, les Etats-Unis étant leur premier marché hors UE en 2024 (9 milliards de livres, 27,4% des exportations).
- Sommet avec l'UE -
Le Royaume-Uni, qui a regagné son autonomie commerciale depuis son départ de l'UE en 2020, a toujours pris soin d'épargner dans ses commentaires l'imprévisible président américain, tout comme il s'est gardé de menacer Washington d'une quelconque réplique à ses droits de douane.
Le pays bénéficie du fait que le commerce bilatéral de biens est resté à l'équilibre en 2024, selon des statistiques officielles, le Royaume-Uni ayant importé pour 57,1 milliards de livres de produits américains, pour 59,3 milliards d'exportations.
La balance commerciale penche cependant largement en faveur de Londres en matière de services, secteur pour l'instant en marge de la guerre commerciale.
Si les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial du Royaume-Uni, ils restent loin derrière l'UE.
La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a d'ailleurs récemment souligné que la relation commerciale avec Bruxelles était "sans doute encore plus importante" qu'avec les Etats-Unis.
Londres accueillera le 19 mai les présidents des institutions de l'UE, premier sommet de ce type depuis le Brexit.
X.Roberts--SFF