Venise déroule le tapis rouge au cinéma mondial
Grand rendez-vous cinéma de la rentrée, le festival de Venise démarre mercredi avec son lot de stars glamour tout en promettant des œuvres très politiques avec un film sur la mort d'une petite fille à Gaza ou une chronique de l'ascension de Vladimir Poutine vers le sommet du pouvoir.
Pour sa 82e édition, la Mostra déroule le tapis rouge au cinéma américain, comme c'est devenu l'habitude pour l'un des plus anciens et plus prestigieux festivals de cinéma au monde.
Fidèle de l'évènement, George Clooney, accompagné de sa femme Amal Clooney, était présent dans la cité des Doges dès mercredi. Il doit fouler le tapis rouge jeudi pour "Jay Kelly", une comédie dans laquelle il incarne une vedette de cinéma en pleine crise existentielle.
D'autres stars américaines sont très attendues comme Emma Stone, Julia Roberts ou encore Dwayne Johnson "The Rock", qui incarne un combattant de MMA aux prises avec ses addictions dans "The Smashing Machine".
Cette édition signe aussi le retour des réalisateurs américains Gus Van Sant et Kathryn Bigelow, dont les dernières productions remontent à il y a sept ans.
Mais mercredi soir, c'est le film italien "La Grazia" de l'habitué des lieux Paolo Sorrentino qui ouvrira la compétition. Il relate les états d'âme de Mariano de Santis, un président de la République italienne aux prises avec les affres de la vieillesse et du deuil, à l'heure de signer une loi sur l'euthanasie.
- Gaza omniprésent -
Le réalisateur italien retrouve pour un huitième film son acteur fétiche Toni Servillo, signataire d'une lettre ouverte appelant le festival à ne pas être "une tribune triste et vide" et à "adopter une position claire et sans ambiguïté" contre les actions d'Israël à Gaza.
Le texte, rédigé par le collectif Venice4Palestine (V4P), a été signé par d'autres grands noms du cinéma italien (comme Matteo Garrone ou Marco Bellochio) et international (de Ken Loach à Audrey Diwan en passant par Abel Ferrara).
"La Mostra de Venise n’est évidemment pas enfermée dans une bulle", a réagi auprès de l'AFP son directeur artistique, Alberto Barbera.
Mais "la Biennale ne prend pas de positions politiques directes, elle ne fait pas de déclarations politiques, car c'est un espace culturel de dialogue, de discussion et d'ouverture", a-t-il tempéré.
Une manifestation est prévue samedi après-midi sur le Lido à l'appel de groupes de soutien à la Palestine. "Nous devons tirer partie de l'intérêt porté au festival pour attirer l'attention sur la Palestine", a affirmé Giulia Cacopardo, membre d'un collectif politique de la région de Venise, lors d'un évènement organisé mercredi pour appeler à manifester.
- Netflix en force -
La guerre à Gaza devrait encore agiter le Lido avec la projection dans une semaine de "The Voice of Hind Rajab" en compétition.
Ce film de la réalisatrice franco-tunisienne Kaouther Ben Hania raconte l'histoire d'une petite fille tuée le 29 janvier 2024 à Gaza avec plusieurs membres de sa famille alors qu'elle tentait de fuir les bombardements israéliens.
Les enregistrements de l'appel de Hind Rajab avec les secours, utilisés dans le film, avaient ému la planète lors de leur révélation.
Ce film promet d'avoir "un fort impact sur le public", selon Alberto Barbera, qui s'était montré très ému lors de l'annonce de la sélection fin juillet. "J'espère qu'il n'y aura pas de polémique", avait-il ajouté.
Autre moment fort attendu: le film "Le mage du Kremlin" d'Olivier Assayas, adapté du livre éponyme de Giuliano da Empoli, avec Jude Law dans le rôle de Vladimir Poutine.
Cette chronique de l'ascension jusqu'au pouvoir de l'homme fort du Kremlin vu par l'un de ses proches conseillers, a été adaptée pour le cinéma par l'écrivain français, Emmanuel Carrère, fin connaisseur de la Russie.
Enfin, à l'inverse de son grand rival cannois qui privilégie le cinéma en salle, Venise offre une large place aux films produits par les plateformes avec trois productions Netflix en lice pour le Lion d'Or ("Frankenstein" de Guillermo del Toro, "Jay Kelly" de Noah Baumbach et "A House of Dynamite" de Kathryn Bigelow).
T.Rivera--SFF